Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Kléber part ; la colonne, à sa voix attentive,
Remonte du Bélus la solitaire rive.
L’armée au même instant, que la voix du tambour
Arrache de l’assaut prolongé sous la tour,
S’arrête tout-à-coup, d’épouvante saisie ;
Elle a vu s’élancer vers la route d’Asie,
Comme un spectre sorti de la ville des morts,
Le farouche El-Modhi sur un cheval sans mors.
Un cri d’horreur le suit ; Murat, que rien n’étonne,
Seul, se précipitant vers le rempart qui tonne,
Ouvre ses bras nerveux pour le saisir vivant ;
Mais l’horrible étranger a fui comme le vent.
De joie, à son aspect, Ptolémaïs s’agite ;
Il franchit les deux murs, monte à la Tour-Maudite,
Et, prophète inspiré d’un lendemain fatal,
Paraît comme un Typhon sur son noir piédestal.


Séparateur