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La tristesse est au camp ; mais de longs cris de fête
Font tressaillir d’orgueil la ville du Prophète ;
La noire populace, à flots impétueux,
Parcourt de la cité les quartiers tortueux ;
Pareils à des chakals dont les dents affamées
Fouillent les grands cercueils où tombent les armées,
De hideux Africains, sous les sombres remparts,
Mutilent des chrétiens les cadavres épars,
Et par leurs longs cheveux des têtes suspendues
Sur la place publique au Pacha sont vendues.
Demain, à l’heure fraîche où la brise des mers
Glisse avec ses parfums dans les vallons déserts,
Quand sur l’azur du ciel l’aube à peine étoilée
Dessine en blancs festons les monts de Galilée,
Les soldats, de leur tente arrachés demi-nus,
Verront sur les créneaux des visages connus ;
Pour un horrible emploi ces têtes sont placées :
Dans le prochain assaut vers ses tours menacées,