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Sur ces couches de deuil que la fièvre désole,
Allait semant partout sa magique parole :
« Soldats, c’est un combat que nous livrons ici ;
Le Désert a lassé notre corps endurci,
Nous vaincrons le Désert ; une telle victoire,
Vétérans de Lodi, manquait à votre histoire ;
L’excès du mal annonce un avenir plus doux ;
Vos tourmens sont les miens, et j’ai soif comme vous. »
Et ces mots consolans, où son ame est empreinte,
Rallumaient dans les cœurs une espérance éteinte.
Le soldat, sur le sol languissamment couché,
À ce lâche trépas s’est lui-même arraché ;
Il s’apprête à la marche, et sa vue attentive
Épie à l’Orient une aurore tardive ;
Elle luit, mais ses feux, sur la plaine tombés,
Dorent à l’horizon des nuages plombés ;
L’air est calme, et pourtant, comme par un prodige,
L’épine des nopals frissonne sur leur tige :