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Avec ses frais vallons, ses humides fontaines,
Son lac étincelant, ses berceaux de jasmin,
Surgit à l’horizon du sablonneux chemin.
Salut ! belle oasis, île de fleurs semée,
Vase toujours chargé des parfums d’Idumée !
Cette nuit, Bonaparte et ses soldats errans
Fouleront les sentiers de tes bois odorans,
Et sur les bords fleuris de tes fraîches cascades,
Sous la nef des palmiers aux mouvantes arcades,
Dans le joyeux bivouac qui doit les réunir,
Des tourmens du Désert perdront le souvenir.
Doux rêve de bonheur ! l’oasis diaphane,
Fantôme aérien, trompe la caravane ;
Les crédules soldats, qu’un prestige séduit,
Vers le but qui s’éloigne errent jusqu’à la nuit.
Alors, comme un jardin qu’une fée inconnue
De sa baguette d’or dissipe dans la nue,
L’île miraculeuse aux ombrages trompeurs