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Au murmure des eaux s’endort le pèlerin :
Du néant taciturne effroyable domaine !
L’œil distingue parfois, isolé dans la plaine,
Un palmier dont le sable étreint les derniers nœuds ;
Des buissons de nopals, aux rameaux épineux,
Et les blocs qui, debout sur ces blanches savanes,
Immobiles signaux, guident les caravanes.
Souvent on voit passer, sur l’horizon uni,
Une autruche pesante, au long cou dégarni,
Qui, mêlée aux troupeaux des agiles gazelles,
S’éloigne en fatiguant ses impuissantes ailes ;
On croirait voir de loin, sur le sol découvert,
Un Arabe à cheval qui fuit dans le Désert.
Et les soldats, rêveurs dans ces lieux solitaires,
Oubliaient la gaîté des marches militaires.
Qu’est devenu ce temps où sur de frais sillons,
De l’Adige au Tésin, leurs joyeux bataillons,
Mêlant l’hymne de guerre aux airs de la folie,