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Ce grand attentat offrait un magnifique sujet à la muse sérieuse, et notre intention était d’abord de le traiter sur le ton le plus approprié à un spectacle de mort : mais en poésie il faut aujourd’hui faire des concessions aux circonstances ; ce n’est que par le rire que le peuple veut arriver aux pleurs ; un tableau tout sombre l’effraie, il en détourne ses yeux ; le poëte a recours à des fictions comiques pour lui apprendre de lamentables réalités.

Ces réflexions ont dirigé le plan de notre nouveau poëme ; ainsi le sujet principal, qui est l’auto-da-fé, est devenu un simple accessoire, ou, pour mieux dire, le nœud qui termine le drame. D’autres motifs encore, purement littéraires, nous ont servi de règles de conduite ; il nous a semblé que la satire, agrandissant chaque jour son domaine, demandait de nouvelles formes, et voulait changer sa monotonie première en drame et en action : c’est donc une satire en quatre chants plutôt qu’un poëme que nous avons essayé de faire. Comme nous avions beaucoup de héros à mettre en scène, nous avons choisi un cadre dans les plus vastes proportions, et un sujet principal autour duquel pussent se grouper sans peine un nombre infini de détails. Nous pensons d’ailleurs qu’il doit être permis aux poëtes satiriques du 19e siècle de violer quelquefois les règles et les formes anciennes pour s’en créer de nouvelles ; il est aisé de