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Ces hommes y périrent, et de leurs cendres naquit Martignac, aux paroles de miel, aux formes élégantes, ministre du genre neutre, ne donnant prise ni à l’éloge ni au blâme, espèce de juste-milieu entre la cour et la nation, entre la velléité des ordonnances et les résistances populaires ; conseiller-modèle pour une restauration progressive, avec toutes les allures de courtisan qui plaisaient au château, et la grâce oratoire qui entraîne une assemblée sans convictions. Contre un homme pareil, il n’y avait point d’irritation possible, partant point de satire, car ce genre de composition ne vit pas de demi-teintes.

D’ailleurs on venait d’échapper à une époque mauvaise, on voyait des intentions meilleures, des actes moins scandaleux, on s’illusionnait, on croyait à de hautes conversions. Comme citoyens, comme poëtes, Barthélemy et Méry crurent donc leur tâche satirique épuisée. Après tant de vers saturés de fiel et de colère, il leur fut doux de chercher de moins âpres inspirations, de quitter le costume d’athlète pour se draper à leur fantaisie. Libres