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14° (corresp. au 9e affirm.). Aux liquides très-chauds on peut accoupler, pour exemple négatif, ces liquides mêmes, lorsqu’ils sont dans leur état naturel. En effet, on ne trouve aucun liquide tangible qui soit naturellement chaud et qui demeure tel constamment. Mais la chaleur n’y est que passagère, purement accidentelle et de surérogation ; en sorte que les substances qui n’ont qu’une chaleur potentielle et sensible seulement par ses effets, comme l’esprit-de-vin, les huiles essentielles de plantes aromatiques, extraites par les procédés chimiques, et même l’esprit de vitriol (l’acide vitriolique), l’esprit de soufre (l’acide sulfureux), et autres substances semblables, qui brillent lorsqu’on leur laisse le temps d’agir, paraissent froids au premier contact. Or, l’eau des bains naturels, séparée de sa source et reçue dans un vase, se refroidit précisément comme celle qui a été échauffée par le moyen du feu. Il est vrai pourtant que les corps huileux paraissent un peu moins froids au tact que les corps aqueux. Par exemple l’huile est moins froide que l’eau, et la soie moins que le linge. Mais il faut renvoyer ces observations à la table des degrés du froid.

15° (corresp. au 10e affirm.). De même, à l’exemple affirmatif de la vapeur chaude, répond pour négative cette vapeur même considérée dans son état naturel et telle qu’on la trouve le plus ordinairement. Car les vapeurs qui s’exhalent des corps huileux, quoique très-inflammables, n’ont aucune chaleur sensible au tact, si ce n’est au moment même où elles s’exhalent du corps chaud.

16° (corresp. au 10e affirm.). De même encore, à l’air chaud répond pour négative cet air même envisagé dans son état naturel. Car nous ne trouvons ici-bas d’autre air chaud que celui qui a été ou renfermé ou soumis à un frottement violent, ou manifestement échauffé par les rayons du soleil, par le feu artificiel ou par tout autre corps chaud.

17° (corresp. au 11e affirm.). Nous trouvons ici pour négative les températures accidentelles qui sont plus froides qu’elles ne devraient l’être, eu égard à la saison ; températures qui, près de notre globe, ont pour cause les vents d’est ou de nord, comme les températures contraires ont pour cause un vent de sud ou d’ouest. On observe de plus que ces températures si douces sont accompagnées d’une certaine disposition a la pluie, et qu’au contraire les températures froides le sont d’une disposition à la gelée.

18° (corresp. au 12e affirm.). Ici l’exemple négatif sera l’air renfermé dans les souterrains durant l’été. Car, en premier lieu, si l’on demande quelle est, par rapport au froid et au chaud, la nature de l’air considéré en lui-même, cette question fait naître des