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portent leur disgrâce avec une sage patience, ils recouvrent leurs nerfs par l’industrie et la dextérité de Mercure ; je veux dire que par de sages édits, par leur affabilité, par des discours gracieux et populaires, ils regagnent peu à peu l’affection de leurs sujets, qui ensuite payent avec joie les contributions, et c’est ainsi que l’autorité du prince reprend une nouvelle vigueur. Cependant les princes les plus prudents et les plus circonspects se gardent bien de tenter souvent la fortune en pareille circonstance et de risquer des batailles ; ils tâchent seulement de ruiner la réputation des rebelles par quelque exploit mémorable. Si cette tentative est couronnée par le succès, les rebelles étant découragés et abattus par cette grande blessure et commençant à redouter la vengeance du prince, tout le feu qui leur reste s’exhale en vains murmures, figurés dans cette fable par le sifflement des serpents. Ensuite, désespérant tout-à-fait de leur fortune et perdant entièrement courage, ils commencent à se disperser en fuyant, et alors enfin il est temps pour les rois de les écraser en jetant sur eux le mont Etna, c’est-à-dire de tomber sur eux avec toute la masse des forces du royaume.

— Les cyclopes, ou les ministres de terreur.

Les poètes ont feint que Jupiter, indigné de la barbarie et de la férocité des cyclopes, les précipita dans le Tartare et les condamna ainsi à une éternelle prison ; mais la déesse Tellus (la terre) lui persuada de les élargir et de les employer à fabriquer ses foudres. Le dieu ayant suivi ce conseil, ces cyclopes se mirent aussitôt à fabriquer des foudres et autres instruments de terreur eu travaillant sans relâche et avec un bruit menaçant. Mais dans la suite des temps Jupiter irrité contre Esculape, fils d’Apollon, parce qu’il avait ressuscité un homme par le pouvoir de son art (il cachait avec d’autant plus de soin cette colère que, n’étant excitée que par une action très-louable en elle-même et qui avait été célébrée comme elle méritait de l’être, elle lui paraissait injuste à lui-même), déchaîna contre lui, par ses secrètes instigations, les cyclopes, qui obéirent aussitôt à ses ordres et fulminèrent Esculape. Apollon tira vengeance de ce meurtre en les perçant de ses flèches sans que Jupiter s’y opposât.

Celle fable paraît désigner allégoriquement la conduite de certains rois ; car quelquefois les princes de ce caractère châtient et dépouillent de leurs emplois des ministres cruels et sanguinaires, mais ensuite, abusés par les conseils de Tellus, c’est-à-dire par des conseils peu généreux et peu honorables soit pour ceux qui les