Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nul regret, toutes les fiancées allèrent cueillir les suprêmes fleurs pour le lit funéraire ; car elles aimaient la jeune femme qui était morte.

Pendant qu’elles honoraient ainsi Armentaria, Florentius survint : « Je vous en supplie, dit-il, allez-vous-en afin que je sois seul avec celle-ci. » Or, Martial, évêque, et Crescentius, diacre, se présentèrent. « Les jeunes filles s’en iront. Mais nous, hommes de Dieu, nous resterons pour te consoler. » Mais Florentius repoussa aussi l’évêque et le diacre.

Lorsque tous furent sortis de la maison, Florentius, s’étant assis près du lit, se prit à pleurer abondamment. Il ne s’emportait pas en une douleur tumultueuse, mais il laissait couler ses larmes, lentes et presque paisibles. Pourtant, dans le silence, sa douleur s’exalta. Et comme si l’épouse l’eût entendu, il lui parlait : « Chère vierge, murmurait-il parmi ses sanglots, chère vierge ! » Et il baisait les mains froides et pures qui reposaient au milieu des fleurs comme des colombes endormies : « Hélas ! hélas ! pourquoi jadis m’as-tu privé de toi ? Pourquoi n’as-tu pas été mon épouse ? Tous nous ont crus des amants mortels, heureux dans