Page:Œuvres complettes de M. de Marivaux, tome 12, 1781.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seroit pas même de regarder la chose comme arrivée ; mais ce qui est ridicule & même insensé, à ce que marque la Glace, c’est d’espérer que cette possibilité & ses conséquences pussent jamais passer.

Quoi ! nous aurons parmi nous des hommes qu’il seroit raisonnable d’honorer autant & plus que d’anciens Grecs ou d’anciens Romains ?

Eh mais ! que feroit-on d’eux dans la Société ? & quel scandale ne seroit-ce point-là ?

Comment ! des hommes à qui on ne pourroit plus faire que de très-humbles représentations sur leurs Ouvrages, & non pas des critiques de pair à pair, comme en font tant de gens du monde, qui, pour n’être point Auteurs, ne prétendent pas en avoir moins d’esprit que ceux qui le sont, & qui ont peut-être raison.

Des hommes vis-à-vis de qui tant de sçavans Auteurs & Traducteurs des Anciens ne seroient plus rien, & perdroient leur état ; car ils en ont un très-distingué, & qu’ils méritent, à l’excès près des priviléges qu’ils se donnent. Un Sçavant est exempt d’admirer les plus grands génies de son temps : il tient leur mérite en échec, il leur fait face, il en a bien vu d’autres.

Des hommes enfin qui romproient tout équi-