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je, Euripide & Sophocle furent de ceux que je distinguai le plus dans le Miroir.

Je les considérai donc fort attentivement & avec grand plaisir, sans les trouver, je l’avoue, aussi inimitables qu’ils le sont dans l’opinion des partisans des Anciens. L’idée qui me les a montrés n’est d’aucun parti ; elle leur fait aussi beaucoup plus d’honneur que ne leur en font les partisans des Modernes.

Il est vrai que le sentiment de ceux-ci ne sera jamais le plus généralement applaudi ; car ils disent qu’on peut valoir les Anciens, ce qui est déjà bien hardi : ils disent qu’on peut valoir mieux, ce qui est encore pis.

Ils soutiennent que des gens de notre nation, que nous avons vus ou que nous aurions pu voir ; en un mot, que des Modernes qui vivoient il n’y a gueres plus d’un demi-siècle, les ont surpassés : voilà qui est bien mal entendu.

Car cette possibilité de les valoir, & même de valoir mieux, une fois bien établie, & tirée d’après des Modernes qui vivoient il n’y a pas long-temps, pourquoi nos illustres Modernes d’aujourd’hui ne pourroient-ils pas à leur tour leur être égaux, & même leur être supérieurs ? Il ne seroit pas ridicule de le penser, il ne le