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en tout ce qui regardera les Auteurs vivans. Je connois ces Messieurs-là, ils ne seroient pas même contents des éloges que j’ai trouvés pour eux.

Je veux pourtant bien qu’ils sçachent que je les épargne, & qu’il ne tiendroit qu’à moi de rapporter leurs défauts qui se trouvoient aussi ; qu’à la vérité j’ai vu moins distinctement que leurs beautés, parce que je n’ai pas voulu m’y arrêter, & que je n’ai fait que les appercevoir.

Mais c’est allez d’appercevoir des défauts, pour les avoir bien vus : on a, malgré soi, de si bons yeux là-dessus ! Il n’y a que le mérite des gens qui a besoin d’être extrêmement considéré pour être connu ; on croit toujours s’être trompé, quand on ne fait que le voir.

Quoi qu’il en soit, j’ai remarqué les défauts de nos Auteurs, & je m’abstiens de les dire : il me semble même les avoir oubliés ; mais ce sont encore de ces choses qu’on oublie toujours assez mal ; & je me les rappellerois bien, s’il le falloit : qu’on ne me fâche pas.

À propos d’Auteurs ou de Poëtes, j’apperçus un Poëme intitulé le Bonheur, qui n’a point encore paru, & qui vient d’un génie qui ne s’est point encore montré au Public, qui s’est formé