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ne s’en apperçoit pas d’abord : il renonce difficilement à se moquer d’eux : il aime à prendre la revanche de l’estime qu’il leur a accordée ; leur chûte est une bonne fortune pour lui.

Il faut pourtant faire une observation : c’est que, parmi ceux dont je parle, il y en a quelques-uns que leur disgrâce scandalise plus qu’elle ne les abat ; & qui, ramassant fierement leurs forces, lancent, pour ainsi dire, un Ouvrage qui fait taire les rieurs, & qui rétablit l’ordre.

En voilà assez là-dessus : je me suis peut-être un peu trop arrêté sur cette matiere ; mais on fait volontiers de trop longues relations de choses qu’on a considérées avec attention.

Venons à d’autres objets : j’en remarquai quatre ou cinq qui me frapperent, & qui, chacun dans leur genre, étoient d’une beauté sublime.

C’étoit l’inimitable élégance de Racine, le puissant génie de Corneille, la sagacité de l’esprit de La Motte, l’emportement admirable du sentiment de Rhadamiste, & le charme des grâces de l’Auteur de Zaïre.

Je m’attendrissois avec Racine, je me trouvois grand avec Corneille ; j’aimois mes foiblesses avec l’un, elles m’auroient déshonoré avec l’autre.

L’auteur de Zaïre ennoblissoit mes idées, celui