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nous a du moins mis en état de n’en plus faire.

Le systême du célebre, du grand Newton, & par la sagacité de ses découvertes, peut-être plus grand que Descartes même, s’il n’avoit pas été bien plus aisé d’être Newton après Descartes, que d’être Descartes sans le secours de personne, & si ce n’étoit pas avec les forces que ce dernier a données à l’esprit humain, qu’on peut aujourd’hui surpasser Descartes même. Aussi voyois-je qu’il y a des génies admirables, pourvû qu’ils viennent après d’autres, & qu’il y en a de faits pour venir les premiers. Les uns changent l’état de l’esprit humain, ils causent une révolution dans les idées : les autres, pour être à leur place, ont besoin de trouver cette révolution toute arrivée ; ils en corrigent les Auteurs, & cependant ils ne l’auroient pas faite.

J’observai tous les Poëmes qu’on appelle Épiques, celui de l’Iliade dont je ne juge point, parce que je n’en suis pas digne, attendu que je ne l’ai lu qu’en François, & que ce n’est pas là le connoître ; mais qu’on met le premier de tous ; & qui auroit bien de la peine à ne pas l’être, parce qu’il est Grec, & le plus ancien. Celui de l’Enéide qui a tort de n’être venu que le second,