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complète des chansonniers du xiiie siècle[1], où brilleront, par leur nombre et leurs productions, les poètes du nord de la France.

Au milieu de cette pléiade de trouvères qui ont illustré la Flandre et l’Artois, Adam de la Halle a tenu un des premiers rangs. Sa renommée, dans les temps modernes, a eu pour fondement surtout sa charmante pièce dramatique « le Jeu de Robin et de Marion ». Ce n’est là pourtant qu’un des produits de son génie ; les autres, moins connus, ne peuvent que corroborer et augmenter sa célébrité.

Adam de la Halle était un trouvère complet ; c’était le trouvère-type, si l’on peut s’exprimer ainsi. Il était poète sous toutes les formes ; on a de lui un fragment de poème épique ; des chansons ; des rondeaux ; des motets ; des jeux-partis ; un congé. Il est auteur de pièces théâtrales dont les sujets, pour la première fois depuis l’antiquité, sont pris ailleurs que dans l’histoire religieuse[2]. Il était musicien ; musicien mélodiste et harmoniste.

  1. Sa notice sur le manuscrit de Douce, de la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, et celle de M. Passy, sur un manuscrit de la bibliothèque de Sienne, ont signalé de précieuses découvertes.
  2. On ne saurait considérer comme appartenant au genre religieux proprement dit, les pièces de Hroswitha, publiées par Charles Magnin en 1843 ; ce sont des comédies composées à l’imitation de Térence. Elles appartiennent en quelque sorte à l’antiquité classique dont elles sont un dernier rayon.