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C’est assavoir, que tous autres seigneurs, chevaliers et escuiers du Tournoy qui le tiennent, en tournoyant se doivent arrester sur lui, et tant le battre qu’ils lui facent dire qu’il donne son cheval qui vault autant à dire en subtance comme : je me rens. Et lorsqu’il aura donné son cheval, les autres tournoyeurs doivent faire coupper les sangles de la selle par leurs gens tant à pied que à cheval, et faire porter le mal-faiteur à tout sa selle, et le mettre à cheval sur les barres des lices, et là le faire garder en cest estat, tellement qu’il ne se puisse descendre, ne couler à bas jusques à la fin du Tournoy ; et doibt estre donné son cheval aux trompettes et menestrels.

La pugnicion de l’autre troisiesme cas, est que ceulx qui en sont convaincus doyevent estre bien batus, et tellement qu’ilz doyvent donner leurs chevaulx comme l’autre dessus-dit. Mais on ne leur doibt point coupper les sangles, ne les mettre à cheval sur les barres des lices, comme pour les autres deux premiers cas ; aincois leur doibt-on oster les resnes de la bride de leurs chevaulx hors des mains et hors du col du cheval, et gecter leurs masses et espées à terre ; puis doivent estre baillez par la bride à ung hérault ou poursuivant, pour les mener à ung des corniers des lices, et illec les garder jusques à la fin du Tournoy comme prisonniers. Et s’ils s’en vouloient fouir ou eschapper hors des mains des héraulx ou poursuivans, après ce qu’ils y ont ainsi esté donnez, on les doibt batre de rechief et leur coupper les sangles, les mettant à cheval sur la lice, come davant est dit des premiers pour rengrége de pugnicion.

Le iiije cas est d’ung gentil home qui dit parolles de dames ou de damoiselles en chargeant leur honneur, sans cause ou raison à part. Et pour pugnicion d’icellui, il doibt estre batu des autres chevaliers et escuiers tournoyans, tant et si longuement qu’il crie mercy aux dames à haulte voix, tellement que chascun l’oye, en promettant que jamais ne lui advindra d’en mesdire ou villainement parler.

Et pour revenir à nostre matière, quant le despartément et devis des