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ledit seigneur Duc de Bretaigne appellant, audit Roy d’armes en lui baillant une espée de Tournoy, telle que cy dessoubs est figurée :

Roy d’armes, tenez ceste espée et alez devers mon

cousin le Duc de Bourbon lui dire de par moy, que pour sa vaillance, prudommie, et grant chevallerie qui est en sa personne, je lui envoye ceste espée en signiffiance que je querelle de frapper ung Tournoy et Bouhordis d’armes contre lui, en la présence de dames et de damoiselles, et de tous autres, au jour nommé et temps deu, et en lieu ad ce faire ydoine et convenable. Duquel Tournoy lui offre pour juges diseurs, de huit chevaliers et escuiers les quatre : c’est assavoir tels et tels pour chevaliers, et tels et tels pour escuiers ; lesquels juges diseurs assigneront le temps et le lieu et feront faire ordonner

la place.

Icy aprés est pourtraictie la façon et manière comme le Duc de Bretaigne appellant baille l’espée au Roy d’armes pour l’envoyer présenter au Duc de Bourbon deffendant.

Et fault notter que ledit seigneur appellant doibt toujours eslire des juges la moittié : c’est assavoir, deux du pays du seigneur deffendant, et les autres deux de son païs ou d’ailleurs à son plaisir : et fait bien voulentiers les juges des plus notables, honnorables et anciens Barons, Chevaliers et Escuiers qu’on puisse trouver, qui ont plus veu et voiagé, et qui sont repputez les plus saiges et mieulx se congnoissans en fait d’armes que d’autres. Lors ledit Roy d’armes s’en yra devers ledit Duc de Bourbon deffendant, et en la plus grant compaignie et la plus honnorable place, hors lieu saint, où il le pourra trouver, lui présentera l’espée, laquelle il tiendra par la poincte, lui disant ainsi :

Très hault et très puissant prince et très

redoubté seigneur, très hault et très puissant prince et mon très redoubté seigneur le Duc dc Bretaigne, vostre cousin, m’envoye par devers vous pour la très grant che