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Bomilcar exécuta promptement les ordres du roi : des hommes faisant métier de semblables commissions sont chargés par lui d’épier les allées et les venues de Massiva, de remarquer les lieux et les heures ; puis, au moment opportun, l’emiuscade est dressée. Un des assassins apostés, attaquant Massiva avee trop peu de précaution, le tua ; mais pris sur le fait, il céda aux exhortations d’un grand nombre de personnes, et surtout du consul Albinus, et découvrit tout le complot. L’on mit donc en accusation, plutôt par des motifs d’équité et de justice qu’en vertu du droit des gens, Bomilcar, qui était de la suite d’un prince venu à Rome sous la garantie de la foi publique.

Quant à Jugurtha. auteur manifeste du crime, il persiste à lutter contre l’évidence, jusqu’à ce qu’il reconnaisse que son or et son crédit échoueront contre l’horreur d’un pareil forfait. Aussi, quoique, dès l’ouverture des débats, il eût présenté cinquante de ses amis pour caution de Bomilcar, moins soucieux de leur épargner des sacrifices (19) que jaloux de son autorité, il renvoie secrètement Bomilcar en Numidie, dans la crainte que ses sujets n’appréhendassent désormais de lui obéir, si cet agent était livré au supplice. Lui-même partit peu de jours après, sur l’ordre que lui avait intimé le sénat de quitter l’Italie. On prétend qu’an sortir de Rome il jeta souvent en silence ses regards sur cette ville, et s’écria : « Ville vénale, qui périrait bientôt si elle trouvait un acheteur ! »

XXXVI. La guerre recommence : Albinus fait promptement transporter en Afrique des vivres, de l’argent, et tout ce qui est