Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/87

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d’or que le consul ralentit ses opérations, afin de lui donner le temps de faire agir à Rome son argent et son crédit. Mais, dès qu’il eut appris que Scaurus s’était associé aux intrigues de Calpurnius, il conçut de plus hautes espérances, il se flatta d’avoir la paix, et résolut d’aller en personne en régler avec eux toutes les conditions. Pour lui servir d’otage, le consul envoie son questeur Sextius à Vacca, ville appartenant à Jugurtha. Le prétexte de ce voyage était d’aller recevoir les grains que Calpurnius avait exigés publiquement des ambassadeurs de Jugurtha pour prix de la trêve accordée à ce prince, en attendant sa soumission.

Le roi vint donc au camp des Romains, comme il l’avait résolu. Il ne dit que quelques mots en présence du conseil, pour disculper sa conduite et pour offrir de se rendre à discrétion. Le reste se règle dans une conférence secrète avec Bestia et Scaurus. Le lendemain, on recueille les voix, pour la forme, sur les articles en masse, et la soumission de Jugurtha est agréée. Ainsi qu’il avait été prescrit en présence du conseil, trente éléphants, du bétail, un grand nombre de chevaux, avec une somme d’argent peu considérable, sont remis au questeur. Calpurnius retourne à Rome pour l’élection des magistrats ; et, dès ce moment, en Numidie comme dans notre armée, tout se passa comme en temps de paix.

XXX. Dès qu’à Rome la renommée eut divulgué le dénoûment des affaires d’Afrique et quels moyens l’avaient amené, il ne fut question en tous lieux et dans toutes les réunions que de l’étrange conduite du consul. Le peuple était dans l’indignation, les sénateurs dans la perplexité, incertains s’ils devaient