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INVECTIVE
DE SALLUSTE CONTRE M. T. CICÉRON

I. Je serais grièvement blessé, M. Tullius, et je supporterais impatiemment tes outrages, si je pouvais les attribuer plutôt à une opinion réfléchie qu’à un travers d’esprit. Toutefois, ne voyant en toi ni pudeur ni retenue, je romprai le silence et changerai en amertume les douceurs qui tu as pu trouver à m’accabler d’injures. Mais devant qui porterais-je mes plaintes ? à qui pourrais-je dire que la république est déchirée, et qu’elle est à la merci des plus ambitieux ? Sera-ce au peuple romain ? corrompu par des largesses, il a mis à l’encan sa personne et ses biens. Sera-ce à vous, pères conscrits, à vous dont l’autorité est devenue le jouet de tout ce qu’il y a de scélérats et de pervers, depuis qu’un Tullius, s’arrogeant le titre de défenseur des lois et des décrets du peuple romain, s’est constitué le chef de votre ordre, comme s’il était le dernier rejeton de la famille la plus illustre, d’un Scipion l’Africain, et non un homme