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l’impétueuse valeur des soldats asiatiques et la salutaire discipline de l’armée romaine. Enfin, après un combat dans lequel le camp de Taxile, un des satrapes du roi, tomba au pouvoir des Romains, Mithridate se résolut à la retraite. Ce mouvement s’effectua pendant la nuit, dans un si grand tumulte, que ce monarque,

CCCXXIII.
Mithridate, couvert d’une armure assortie à sa taille gigantesque,

se vit foulé aux pieds par ses propres soldats. Poursuivi dans sa fuite par les soldats romains, car toujours il était

CCCXXIV.
Remarquable par la beauté de ses chevaux et de ses armes,

il n’échappa qu’en poussant, entre ceux qui étaient près de l’atteindre et sa personne, un mulet chargé d’or.

A la suite de cette campagne, Mithridate envoya Métrodore, son plus intime confident, solliciter le secours de Tigrane, roi d’Arménie. Celui-ci se montra peu disposé à embrasser la cause, de son beau-père. Métrodore

CCCXXV.
Ayant commencé une longue harangue

pour persuader Tigrane : « Je serais fou, interrompit ce monarque, d’aller me jeter dans le feu quand je ne l’ai pas chez moi. » — D’accord, répliqua Métrodore ; mais

CCCXXVI.
Ne savez-vous pas que, quand le feu a pris à une maison, il n’est pas facile de préserver de l’incendie les maisons voisines ? »

La superstition concourut aussi à refroidir les dispositions de Tigrane pour son beau-père : il se rappelait que la fondation du royaume de Pont avait été un échec pour les rois de Syrie, à la puissance et aux prétentions desquels il avait succédé. Il crut voir en songe qu’il semait l’or à pleines mains dans un champ. Ce rêve l’effraya : les devins, consultés, le rassurèrent ;

CCCXXVII.
Mais lui, craignant d’avoir été