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lxxxv.

Après la défection des alliés et du Latium.

Mais il était encore éloigné du moment où il devait s’élever au premier rang dans la république, qui se voyait alors illustrée

lxxxvi.

Par de si grands capitaines et des hommes d’État fermes et énergiques.

lxxxvii.

Tribun militaire, il se couvrit de gloire en Espagne, sous les ordres de T. Didius. Il se rendit infiniment utile dans la guerre des Marses, en rassemblant des troupes et des armes. Les succès que l’on dut alors à sa bonne conduite n’ont pas été célébrés, d’abord parce qu’il était encore peu connu, puis à cause de la partialité haineuse des historiens. Il se plaisait à montrer de près sa face sillonnée de plusieurs cicatrices et privée d’un œil. Loin de s’affliger de cette disgrâce corporelle, il s’en réjouissait fort, glorieux qu’il était de ne conserver que les débris de lui-même.

De retour à Rome, il brigua le tribunat ; mais, repoussé par la faction de Sylla, il se jeta dans le parti populaire, et prit part à l’entreprise audacieuse de Cinna, du vieux Marius et de Carbon, qui rentrèrent dans Rome à main armée, dès que Sylla eut quitté l’Italie pour aller combattre Mithridate. Tandis que ses collègues ensanglantaient Rome par des massacres, Sertorius montra seul quelque modération. Il obtint la préture, puis, l’année suivante, l’Espagne pour département. Sylla, de retour en Italie avec son armée victorieuse, vint encore, une fois abattre ses adversaires. Aussitôt après la défection de l’armée du consul Scipion Asiaticus, dont il était lieutenant, Sertorius se retira en Espagne. Il ne put d’abord s’y maintenir, Annius, l’un des généraux de Sylla, ayant forcé les Pyrénées avec une puissante armée. Hors d’état de tenir la campagne,

lxxxviii.

Ni même d’opérer sa retraite avec si peu de troupes, Sertorius songeait à fuir sur ses vaisseaux.

Il fit voile pour l’Afrique, où il demeura quelques années, et se fit connaître par d’aventureuses expéditions. Alors.