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Rome depuis l’expulsion des rois jusqu’au temps des Gracques, de Marius et de Sylla. Il indiquait en même temps les causes de la grandeur romaine ; et tel est le sujet des fragments détachés qui vont suivre.

vi.

Parmi nous, les premières dissensions n’ont point eu d’autre cause que cette disposition fatale du cœur humain, qui, toujours inquiet, indomptable, ne se plaît qu’à lutter pour la liberté, pour la gloire ou pour la puissance.

vii.

Mais l’esprit de discorde, de cupidité, d’ambition, et tous les autres vices, fruits ordinaires de la prospérité, prirent, après la ruine de Carthage, un nouvel essor. Et, en effet, les injustices des grands, et par suite la scission du peuple d’avec le sénat, et bien d’autres dissensions, avaient eu lieu des l’origine. Même après l’expulsion des rois, ce fut seulement tant qu’on craignit Tarquin et une guerre terrible contre l’Étrurie, que la justice et la modération présidèrent au gouvernement. Mais, aussitôt après, les patriciens traitèrent le peuple en esclave, condamnèrent à mort, firent battre de verges, comme avaient fait les rois ; s’emparèrent des biens, et, usurpant les droits de leurs concitoyens, s’arrogèrent seuls toute la puissance. Soulevé par ces barbaries, accablé surtout par une dévorante usure, tandis, qu’il avait à supporter, dans des guerres perpétuelles, le poids du service militaire, et des impôts, le peuple se retira en armes sur le mont Sacré et sur le mont Aventin. C’est ainsi qu’il obtint des tribuns, et revendiqua bien d’autres droits. Les querelles et la lutte des deux partis eurent pour terme la seconde guerre punique.

viii.

De sérieuses alarmes s’emparèrent de nouveau des esprits, et, détournant leur inquiétude de ces dissensions pour un intérêt plus pressant, rétablirent l’union entre les citoyens. Alors la direction, des affaires revint