Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toire générale, et celle de la Conjuration de Catilina, embrassait un espace de cinquante ans. La perte de l’Histoire de Salluste est d’autant plus à regretter, que, par une fatalité singulière, tous les auteurs qui ont écrit d’une manière complète et suivie les annales de cette époque se trouvent avoir une lacune dans cet endroit intéressant. Cependant il reste de nombreux fragments de l’Histoire de Salluste, et de sa Description du Pont-Euxin, presque tous épars dans les anciens grammairiens latins et les vieux glossateurs. Tous ces lambeaux, rapportés par des rhéteurs qui n’avaient que la grammaire en vue, sont isolés, fort courts et d’un faible intérêt historique. Des fragments plus étendus, mais en petit nombre, ont été rapportés par Sénèque, Quintilien, Aulu-Gelle, Isidore de Séville, et surtout par saint Augustin, en son livre de la Cité de Dieu. Enfin Pomponius Létus, dans un manuscrit du Vatican, qui contenait la copie d’un grand nombre de morceaux tirés des anciens historiens, trouva quatre discours et deux lettres extraites de l’ouvrage perdu de Salluste. Janus Van-der-Does (Jean Douza), Riccoboni, Paul Manuce et Louis Carrion avaient commencé avec plus ou moins de succès à rassembler ces fragments et à les annoter ; mais, quelque louables qu’aient été leurs efforts, combien leur travail n’est-il pas inférieur à celui du président de Brosses !

A son exemple, jaloux de reproduire tout ce qui nous reste dé Salluste, M. Du Rozoir avait recueilli et traduit de nouveau, non-seulement les six fragments les plus considérables de sa Grande Histoire, déjà publiés en français, mais encore un grand nombre de passages bien moins étendus, que les traducteurs n’avaient pas jugés dignes de leur attention. On aura donc dans cette édition le recueil le plus exact et le plus complet qui ait été fait jusqu’ici des Fragments de Salluste.