Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/344

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monde entier ne fût livré à la désolation, à la guerre, au carnage ? Mais si, animé d’une généreuse inspiration, tu assures le repos de ta patrie, de ta famille, dès lors, restaurateur de la chose publique, tu effaceras, de l’aveu de tous, la gloire de tous les mortels, et ta mort seule pourra ajouter à l’éclat de ta vie. Ici-bas, en effet, exposés quelquefois aux coups du sort, nous le sommes souvent aux attaques de l’envie ; mais, avons-nous payé le tribut à la nature, l’envie se tait, la vertu s’élève et brille de jour en jour d’un nouvel éclat. »

Telles sont, général, les vues qui m’ont paru utiles et convenables à vos intérêts ; je vous les ai indiquées le plus brièvement que j’ai pu. Au reste, quel que soit le plan que vous adoptiez, je prie les dieux immortels qu’il tourne à votre avantage et à celui de la république.


SECONDE LETTRE.

I. C’était autrefois une vérité reçue, que la fortune était la dispensatrice des royaumes, de la puissance et de tous les biens que convoitent si avidement les mortels ; et, en effet, ces dons étaient souvent départis, comme par caprice, à des sujets indignes et entre les mains desquels ils ne tardaient pas à déchoir. Mais l’expérience a démontré combien Appius a eu raison de dire dans ses vers (25) : « Chacun est l’artisan de sa fortune ».