Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
SALLUSTE.

(93) se rendent auprès des conjurés par l’entremise de Gabinius. Ils demandent à Lentulus, à Cethegus, à Statilius et à Cassius de leur donner, revêtu de leur seing, un engagement qu’ils puissent montrer à leurs concitoyens, qui, sans cela, se laisseraient difficilement engager dans une si grande entreprise. Tous le donnent sans défiance, excepté Cassius, qui promet de se rendre bientôt en personne dans leur pays, et part de Rome un peu avant les députés. Lentulus envoie avec eux un certain T. Volturcius, de Crotone, afin qu’avant de rentrer dans leur pays ils se lient encore plus étroitement par des serments réciproques avec Catilina. Le même Volturcius doit remettre à Catilina une lettre conçue en ces termes :

« Celui que je vous envoie (94) vous dira qui je suis. Songez à votre détresse, et rappelez-vous que vous êtes homme. Réfléchissez à tout ce qu’exige votre position, et cherchez des auxiliaires partout, même dans la plus basse classe ».

Lentulus charge Vollurcius d’ajouter verbalement : « Déclaré ennemi de la république, dans quel but Catilina repousserait-il les esclaves ? À Rome, tout est prêt comme il l’a ordonné ; qu’il ne tarde plus à s’en approcher ».

XLV. Ces mesures prises, et pendant la nuit fixée pour le départ des ambassadeurs, Cicéron, par eux instruit de tout, donne aux préteurs L. Valerius Flaccus et C. Pomptinus (95) l’ordre de se tenir en embuscade sur le pont Milvius, et d’arrêter l’escorte des Allobroges. Il leur explique en détail le but de leur mission, puis en abandonne l’exécution à leur prudence.