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CONJURATION DE CATILINA

grâce aux violences et à la cruauté des usuriers, sommes la plupart sans patrie, tous sans considération et sans fortune. À aucun de nous il n’a été permis, selon la coutume de nos pères, d’invoquer la loi, et, après la perte de notre patrimoine, de sauver notre liberté personnelle : tant fut grande la barbarie des usurieurs et du préteur ! Souvent vos pères, touchés des maux du peuple romain, sont venus, par des décrets, au secours de son indigence ; et, naguère, nous avons pu voir le taux excessif des dettes amener, du consentement de tous les bons citoyens, la réduction à un quart pour cent (82). Souvent le peuple, mû par le désir de dominer, ou soulevé par l’orgueil des magistrats, se sépara des patriciens ; mais nous, nous ne demandons ni le pouvoir, ni les richesses, ces grands, ces éternels mobiles de guerre et de combats entre les mortels ; nous ne voulons que la liberté, à laquelle tout homme d’honneur ne renonce qu’avec la vie. Nous vous conjurons, vous et le sénat ; prenez en pitié de malheureux concitoyens : ces garanties de la loi, que nous a enlevées l’injustice du préteur, rendez-les-nous, et ne nous imposez point la nécessité de chercher en mourant les moyens de vendre le plus chèrement possible notre vie ».

XXXIV. À ce message, Q. Marcius répondit que « s’ils avaient quelque demande à faire au sénat, ils devaient mettre bas les armes, et se rendre à Rome comme suppliants ; que toujours le sénat et le peuple romain avaient montré assez de mansuétude et d’humanité pour que nul n’eût jamais en vain imploré