Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/216

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(113). La lâcheté ne rend personne immortel.

Hors et fugacem persequitur virum.
HOBAT., Carm-, ni, 2

.

(114). Assez pour eux.

Ce discours de Marius est peut-être le plus éloquent qu’on lise dans Salluste : on sait cependant que Marius n’était rien moins que disert : aussi la plupart des critiques n’ont pas hésité à faire "honneur à cet historien de cette composition oratoire. Le président de Brosses est d’un avis tout opposé ; il trouvé Cette harangue d’un style grossier, sans méthode, pleine dé redites, ’conforme au peu’ d’éducation de Marius, et se croit oblige de s’excuser de<ri’avoir’pati cru devoir enuser de même dans sa traduction. Pour trouver cette harangue originale, il se fonde sur ce que Plutarque (in Mario), en rapportant en substance le discours de Marius, présente dés idées et même des expressions conformesà celles que Salluste met dans la bouche de ce général. Mais qui saurait dire aujourd’hui que le biographe qui vivait sous les Antonins ne les a pas puisées dans Salluste lui-même ? « Quoi qu’il en soit, observe le judicieux M. Burnouf, il,est certain que cette harangue est de la main de Salluste, mais composée de telle sorte, qu’on y retrouve la vivante image de Marius. En effet, d’un bout à l’autre, c’est le style de notre historien, sa manière, le choix bizarre de ses expressions, parmi .lesquelles on reconnaît des mots dérivés du grec que Marius n’employa certainement jamais. Mais ces pensées sans apprêt, grossières même, tirées de la vie agricole, et cette censure acerbe des vices de la noblesse qui revient sans cesse, donnent une idée véritable de son caractère. S’il est vrai enfin qu’il n’ait pas prononcé ce discours, il n’en est aucune expression qui ne lui convienne parfaitement. »

(115). Calcul d’ambition de la part du consul.

Montesquieu a dit : a Marius prit toutes sortes de gens dans les légions, et la république fut perdue. » Ce grand écrivain me semble ici énoncer dans lin sens trop absolu une observation que Salluste n’a exprimée que d’une manière hypothétique. Marius pouvait-il faire autrement que d’enrôler les pauvres dont l’excessive population surchargeait Rome, au lieu de forcer à s’enrôler de riches réfractaires ? Était-il le maître d’en agir autrement ? Si, par la suite, il ne se fût