Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/204

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(70). L’aruspice lui prédit.

Marius prétendait avoir eu de tout temps des présages de sa grandeur future. Plutarque, dans la vie de ce Romain, rapporte tous les contes qu’il sut répandre parmi le vulgaire ignorant, et qui semblaient annoncer son élévation. Mais, comme l’observe fort bien le président de Brosses, parmi ces présages, on doit mettre au premier rang le jugement que Scipion Emilien uorta sur Marius au siège de Numance, où, selon Velleius, Jugurtha ac Marius sub eodem Ajricano militantes in iisdem castris didicere, qux postea in contrariis facerent. Cet oracle d’un grand homme valait bien celui du prêtre d’Uiique, et l’on ne doit pas douter qu’il n’ait, plus que tout autre motif, enflammé l’ambition de Marius. Quoi qu’il en soit, cet illustre Romain parut toute sa vie ajouter une foi entière à ces prédictions. Était-il la première dupe de ces prestiges ? c’est ce qu’on ne saurait décider. L’ignorance et la grossièreté de Marius n’étaient pas affectées ; mais il n’en est pas moins vrai que la rudesse de ses manières cachait l’esprit le plus subtil et le plus rusé. Nous ne déciderons pas, comme de Brosses, que Marius avait lui-même dicté la prédiction du prêtre d’Utique. L’enthousiasme mi’inspiraient à tant de Romains les vertus incultes du lieutenant de Metellus, les espérances que le parti populaire attachait à son élévation, peuvent bien avoir fait tout le prodige.

(71). Que tout lui serait prospère.

Cuncta frospera eventura. Ici, prospera est pour l’adverbe prospere. Ainsi, dans la Calilinaire (ch. xxvi) : Quæ occulte tentaverat aspera foedaque evenerant, pour aspere foedeque.

(72). Simplicité dans la paix.

Velleius Paterculus fait de Marius un portrait à peu près semblable : Natus agresti loco, hirlus atque horridus, vitaque sanclus : quantum bello optimus tantum pace pèssimus, immodicus glonx, insatiabilis, impotens, semperque inquiétas (lib. Il , cap. x). Ailleurs ce même historien, en rapportant la mort de Marius, ajoute : Vir in bello hostibus, in otio civibus infestissimus, quietisque impatientissimus. (Ibid., cap. xvi.)