Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/128

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LXV. Il y avait alors dans notre armée un Numide nommé Gauda, fils de Manastabal et petit-fils de Masinissa, à qui Micipsa, par testament, avait substitué ses États (78). Les infirmités dont il était accablé avaient un peu affaibli son esprit. Metellus, à qui il avait demandé d’avoir, selon la prérogative des rois, son siège auprès de celui du consul, et pour sa garde un escadron de cavalerie romaine, lui avait refusé l’un et l’autre : le siège, parce que cet honneur n’était déféré qu’à ceux que le peuple romain avait reconnus rois ; la garde, parce qu’il eût été honteux pour des cavaliers romains (79) de servir de satellites à un Numide.

Marius aborde le prince mécontent, et l’engage à se servir de lui pour tirer vengeance des affronts de leur général. Ses paroles flatteuses exaltent cette tête faible : « Il est roi, homme de mérite, petit-fils de Masinissa : Jugurtha une fois pris ou tué, le royaume de Numidie lui reviendra sur-le-champ ; ce qui ne tarderait pas à s’accomplir, si, consul, Marius était chargé de cette guerre ». En conséquence, et Gauda, et les chevaliers romains (80) tant militaires que négociants, poussés, les uns par l’ambitieux questeur, le plus grand nombre par l’espoir de la paix, écrivent à leurs amis, à Rome, dans un sens très défavorable à Metellus (81), et demandent Marius pour général. Ainsi, pour lui faire obtenir le consulat, se forma la plus honorable coalition de suffrages. D’ailleurs, à cette époque, le peuple, voyant la noblesse humiliée par la loi Mamilia (82), cherchait à élever des hommes nouveaux. Tout conspirait ainsi en faveur de Marius.