Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/123

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ceux qui étaient dessus tombent écrasés, les autres se sauvent comme ils peuvent, peu d’entre eux sains et saufs, la plupart criblés de blessures. Enfin, la nuit fait, de part et d’autre, cesser le combat.

LXI. Metellus reconnut bientôt l’inutilité de ses tentatives : il ne pouvait prendre la ville, et Jugurtha n’engageait de combat que par surprise ou avec l’avantage du poste : d’ailleurs, la campagne touchait à sa fin. Le consul lève donc le siège de Zama, met garnison dans les villes qui s’étaient soumises volontairement et que protégeaient suffisamment leur situation ou leurs remparts, puis il conduit le reste de son armée dans la Province romaine qui confine à la Numidie. A l’exemple des autres généraux, il ne donna point ce temps au repos et aux plaisirs. Comme les armes avaient peu avancé la guerre, il résolut d’y substituer la trahison, et de se servir des amis de Jugurtha pour lui tendre des embûches. J’ai parlé de Bomilcar, qui suivit ce prince à Rome, et qui, après avoir donné des cautions, se déroba secrètement à la condamnation qu’il avait encourue pour le meurtre de Massiva (64). L’extrême faveur dont il jouissait auprès de Jugurtha lui donnait toute facilité pour le trahir. Metellus cherche à séduire ce Numide par de grandes promesses, et l’attire d’abord à une entrevue mystérieuse. Là, il lui donne sa parole « qu’en livrant Jugurtha mort ou vif il obtiendra du sénat l’impunité et la restitution de tous ses biens ». Bomilcar se laisse aisément persuader. Déloyal par caractère, il avait encore la crainte que, si la paix se faisait avec les Romains, son supplice ne fût une des conditions du traité.