Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/121

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sont les Romains. Il détache aussitôt Marius vers le camp avec toute la cavalerie et les cohortes des alliés ; puis, les larmes aux yeux, il les conjure, au nom de leur amitié et de la république, de ne pas souffrir qu’un pareil affront soit fait à une armée victorieuse, ni que l’ennemi se retire impunément. Marius exécute promptement ces ordres. Jugurtha, embarrassé dans les retranchements de notre camp, voyant une partie de ses cavaliers s’élancer par-dessus les palissades, les autres se presser dans des passages étroits où ils se nuisent par leur précipitation, se retire enfin dans des positions fortes, avec une perte considérable. Metellus, sans être venu à bout de son entreprise, est forcé, par la nuit, de rentrer dans son camp avec son armée.

LIX. Le lendemain, avant de sortir pour attaquer la place, il ordonne à toute sa cavalerie de former ses escadrons devant la partie du camp par où Jugurtha était survenu la veille. La garde des portes, et celle des postes les plus voisins de l’ennemi, sont réparties entre les tribuns. Metellus marche ensuite sur Zama, donne l’assaut ; et, comme le jour précédent, Jugurtha sort de son embuscade, et fond tout à coup sur les nôtres ; les plus avancés laissent un moment la crainte et la confusion pénétrer dans leurs rangs, mais leurs compagnons d’armes reviennent les soutenir. Les Numides n’auraient pu résister longtemps, si leurs fantassins, mêlés aux cavaliers, n’eussent, dans le choc, porté des coups terribles. Appuyée de cette infanterie, la cavalerie numide, au lieu de charger et de se replier ensuite, selon sa manœuvre habituelle, poussait à toute bride à travers nos rangs, les rompait, les enfonçait, et livrait à ces agiles fantassins des ennemis à moitié vaincus.