Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/107

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persuade, à force de promesses, de lui livrer Jugurtha mort ou vif ; puis, en audience publique, il les charge de transmettre une réponse conforme aux désirs de leur roi (42). Quelques jours après, à la tête d’une armée bien disposée, remplie d’ardeur, il entre en Numidie. Nul appareil de guerre ne s’offre à ses regards ; aucun habitant n’avait quitté sa chaumière ; les troupeaux et les laboureurs étaient répandus dans les champs. A chaque ville ou bourgade, les préfets du roi venaient au-devant du consul lui offrir du blé, des transports pour ses vivres, enfin une obéissance entière à ses ordres. Toutefois Metellus n’en fit pas moins marcher son armée avec autant de précaution et dans le même ordre que si l’ennemi eût été présent. Il envoyait au loin en reconnaissance, convaincu que ces marques de soumission n’étaient que simulées, et qu’on ne cherchait que l’occasion de le surprendre. Lui-même, avec les cohortes armées à la légère, les frondeurs et les archers d’élite, il marchait aux premiers rangs. Son lieutenant, C. Marius (43), à la tête de la cavalerie, veillait à l’arrière-garde. Sur chacun des flancs de l’armée était échelonnée la cavalerie auxiliaire, aux ordres des tribuns des légions et des préfets des cohortes, et les vélites (44), mêlés à cette troupe, étaient prêts à repousser sur tous les points les escadrons ennemis. Jugurtha était si rusé, il avait une telle connaissance du pays et de l’art militaire, que, de loin ou de près, en paix ou en guerre ouverte, on ne savait quand il était le plus à craindre.

XLVII. Non loin de la route que suivait Metellus, était une ville numide nommée Vacca, le marché le plus fréquenté de