Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/108

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tes mérites en d’inépuisables éloges et de couvrir tout mon papier de compliments de commande. Mais bien loin de moi un tel dessein ; ce n’est pas là ma façon d’agir et celui que je porte dans mon cœur ne doit pas attendre de moi d’autre privilège. Je te dois non des paroles flatteuses mais d’utiles corrections, non de faux artifices de langage mais une affection profonde et inaltérable. Je pourrais m’écrier : tu as atteint, à la fleur de ton âge, les sommets de la science; tu touches à la perfection ; nul souci ne doit plus torturer ton esprit, et, comme un riche propriétaire, tu n’as qu’à jouir en paix des biens acquis. Mais, ainsi que je l’ai dit de tels procédés ne sont pas les miens. Comme un père qui te stimule, je te dis : quelques grandes espérances que permette de concevoir ton éloquence dans sa fleur, je ne suis satisfait que lorsque je vois la moisson, comme l’avare laboureur qui ne mesure La fertilité de l’aminée que dans ses greniers. En toi les épis, quoique non encore mûrs, sont déjà remplis ; déjà nos vœux les considèrent presque sur l’aire. Mais notre crainte est d’autant plus vive pie nous voyons notre espoir sur le point de se réaliser.