Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/106

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de l’amitié; mais c’est une lutte où nous devons vaincre par les offices de notre mutuelle affection. En de tels combats tous nos efforts ont pour but de nous rendre l’un et l’autre et vainqueur et vaincu. L’union de nos cœurs doit bien plus tôt nous faire vivre que nous faire mourir, unis que nous sommes par le soin de notre mère l’Eglise, laquelle, à dire le vrai, nous alimente tous deux, comme une bonne nourrice, du lait de la foi. Assez des vieux contes des poètes; répudions la fabuleuse antiquité. Ne mêlons pas au monde intellectuel chrétien plein de vigueur ce vieux monde décrépit et ruiné. Si pourtant il nous plait de rajeunir les récits des anciens pour en tirer d’utiles leçons, nous pouvons rappeler la fidélité dans l’amitié de Pylade et d’Oreste, de Nisus et Euryale, de Pollux et Castor, pourvu, toutefois, que ces beaux exemples ne soient pas ternis par de secrètes faiblesses. Leurs âmes étaient si étroitement unies que deux d’entre eux, heureux de courir au-devant de la mort qu’affrontaient leurs amis, offrirent chacun leur vie pour conserver celle de l’ami. Ces traits sont dignes de mémoire chaque fois que se forment les nœuds sacrés de l’amitié et que deux âmes s’unissent, comme l’on marie aux ceps robustes en pleine sève la greffe féconde. Les esprits qui promettent les fruits de la concorde sont ceux qui reconnaissent ce que la culture exige de sueurs. Malgré tout je suis heureux de l’indissoluble