Page:Œuvres complètes de Saint Cyprien, évêque de Carthage, volume 1, 1837.djvu/190

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les peuples du monde, qui sauraient mieux profiter de ses bienfaits, et recueilleraient l’héritage qu’ils n’avaient pas su conserver. Pour amener cette heureuse révolution, le Verbe de Dieu, sa parole éternelle, son Fils, proclamé à l’avance par tous les prophètes comme devant être le docteur et la lumière du genre humain tout entier, a été envoyé sur la terre pour être le dispensateur des grâces de Dieu. Il en est la sagesse, la vertu, la raison, la gloire. Jésus-Christ se fait homme ; il s’incarne dans le sein d’une vierge ; la divinité s’unit à l’humanité. Jésus-Christ et ce Dieu que nous adorons, à la fois Dieu et homme, Dieu pour rouvrir la voie qui mène à Dieu son père, homme pour que l’homme pût devenir ce qu’est Jésus-Christ. Les Juifs savaient bien qu’il devait venir, puisque les oracles des prophètes n’avaient d’autre objet que le Messie ; mais, parce que les mêmes oracles caractérisaient deux événements, l’un où il paraîtrait comme homme, l’autre où il doit se manifester comme Dieu ils ont méconnu le premier, offensés de sa vie obscure et des abaissements de sa passion, et n’ont voulu admettre que le second, où il fera éclater sa puissance : aveuglement qui était la punition de leurs péchés. Ils l’ont poussé au point de n’avoir pas des yeux pour voir l’auteur de la vie séjournant au milieu d’eux, quand leurs crimes les avaient rendus indignes même de vivre. Alors même que Jésus-Christ justifiait avec tant d’éclat les prédictions de ses prophètes par ses œuvres surnaturelles, chassant les démons d’une seule parole, guérissant les lépreux, rendant la vue aux aveugles, aux boiteux et aux paralytiques l’usage de leurs membres, ressuscitant les morts, commandant aux démons, apaisant les tempêtes, trouvant les tombeaux dociles,