Page:Œuvres complètes de Saint Cyprien, évêque de Carthage, volume 1, 1837.djvu/189

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lui cherchez point de nom ; son nom, c’est Dieu. Multipliez les termes là où il faut distinguer les espèces par des désignations particulières qui les caractérisent. Dieu est un, Dieu est seul ; ce mot embrasse son essence tout entière. Il est un, présent partout par son immensité. Le seul instinct naturel le proclame toutes les fois que l’idée de l’auteur de notre être vient se retracer à notre esprit. Rien de plus commun que d’entendre s’écrier : Dieu, Dieu est témoin, que Dieu vous garde, que Dieu vous le rende, comme Dieu voudra, si Dieu le permet. N’y a-t-il pas un crime impardonnable à refuser de reconnaître celui qu’il n’est pas possible d’ignorer ? Que ce Dieu soit Jésus-Christ, comment avons-nous été sauvés par lui, j’ai à vous faire connaître ici l’économie de sa providence. Les Juifs avaient été d’abord la nation chérie de Dieu. Marchant autrefois dans les voies de la justice, tant qu’ils obéirent aux commandements du Seigneur, leur État fut au comble de la prospérité ; les familles s’y multipliaient. Mais depuis ils s’abandonnèrent à l’oisiveté, à l’esprit de révolte et d’orgueil ; fiers du nom de leurs pères, ils méconnurent les ordonnances divines, et ils perdirent la grâce qui leur avait été donnée. Pour apprécier jusqu’où ils portèrent le désordre et l’oubli de la religion, il suffit, à défaut de leurs propres déclarations, de jeter les yeux sur les dernières années de leur histoire. Bannis de leur pays et de leur État, fugitifs, vagabonds, sans domicile, ils sont dispersés par les contrées étrangères. Dieu leur avait prédit qu’avant l’expiration du siècle, et quand le monde lui-même toucherait à sa fin, il appellerait à la place de cette nation infidèle de nouveaux adorateurs, choisis indifféremment parmi tous