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terreurs, troublent le sommeil, s’insinuer secrètement dans les corps, qu’ils obsèdent de convulsives agitations, de maladies désespérantes, pour en obtenir des sacrifices dont ils s’engraissent, et se faire payer le bienfait de leurs prétendues guérisons. Le seul service que l’on puisse en attendre, c’est qu’ils cessent de tourmenter. Ils ne s’étudient qu’à détourner les hommes du vrai Dieu, et les porter à la superstition, se donnant eux-mêmes pour objet de leur culte. Malheureux qui, enchaînés à un éternel supplice, ne cherchent que des complices de leur révolte pour en faire les compagnons de leur châtiment. Toutes les fois que nous les conjurons au nom du seul Dieu véritable, ils obéissent à notre commandement, ils se font connaître par leurs propres aveux, et sont contraints de sortir des corps qu’ils possèdent. Vous les verriez aussitôt, cédant à la parole d’un chrétien et à l’opération d’une puissance secrète, témoigner par leurs hurlements, par leurs pleurs et leurs supplications, qu’ils sont tourmentés, déchirés de coups, dévorés par les flammes, confesser en présence de ceux même qui les adorent, d’où ils viennent, et à quel moment ils se retirent. Ou ils s’échappent à l’instant même, ou ils ne s’éloignent que graduellement, selon le plus ou moins de foi du malade ou de mérite de la part de l’exorciste. C’est ce qui fait qu’ils préviennent contre nous les esprits des peuples, afin qu’on nous haïsse avant de nous connaître, de peur que si l’on nous connaissait, on ne voulût nous ressembler, ou que du moins on ne pût nous condamner.

Il n’y a donc qu’un seul Seigneur, qu’un seul Dieu maître de l’univers, de qui l’excellente nature n’admet point d’égal, parce que dans elle seule réside la toute-puissance.