Page:Œuvres complètes de Saint Cyprien, évêque de Carthage, volume 1, 1837.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elles ont pris sur les peuples s’explique par la séduction exercée sur des imaginations crédules et ignorantes, aisément égarées par des prestiges qui les aveuglent et ne permettent pas à la vérité de parvenir jusqu’à elles. C’est l’ouvrage de certains esprits menteurs et vagabonds qui, après s’être dégradés de leur céleste origine, en s’associant aux passions de la terre, ne s’occupent qu’à perdre les hommes et à les entraîner avec eux dans leur ruine. Ils sont connus chez les poètes sous le nom de démons. Socrate se vantait d’avoir un de ces esprits familiers qui le dirigeait dans toutes ses actions. Ce sont eux qui produisent ces effets magiques dont on s’effraie ou dont on s’amuse. Le premier de ces imposteurs, nommé Hostanes, [1] convenait qu’il était impossible de voir quelle forme avait le vrai Dieu, et que les véritables anges se tiennent près de son trône. Platon est d’accord avec lui sur ce point. Ce philosophe, qui croyait à l’unité de Dieu, nous parle également d’anges et de démons. Hermès Trismégiste ne reconnaît comme lui qu’un Dieu, qu’il qualifie incompréhensible, d’une nature ineffable, inappréciable. Ces esprits donc se tiennent enfermés dans les statues et les images des idoles, partageant avec elles les honneurs qui leur sont décernés. Ce sont eux qui inspirent leurs prêtres, animent les entrailles des victimes, dirigent le vol des oiseaux, président aux sorts, profèrent les oracles, mêlent perpétuellement le vrai et le faux, également trompés et trompeurs, ils assiègent la vie de

  1. Pline : Primus exstat (ut quidem invenio) commentatus de ea Ostanes, Xerxem regem Persarum bello quod is Græciae insulit, comitatus ; ac velut semina artis portentosoe sparsit, obiter infecto quœcumque commeaverat, mundo. (Hist. nat. lib. xxx, c. 1.)