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nent à leur tour les Romains sur la scène. Si vous voulez vous reporter à l’origine de cette nation, il n’y a pas de quoi en tirer vanité. Un ramas se forme de malfaiteurs et de brigands ; ils offrent un asile à tous les crimes ; leur nombre grossit par l’impunité. Romulus mérite par un fratricide l’honneur d’être le roi de ces aventuriers. Pour s’établir dans la contrée part des mariages, il simule des unions avec des voisins qu’il divise. Rome pille, saccage, trompe pour accroître le nombre de ses citoyens. Elle n’avait contracté ses premières alliances qu’en violant les droits sacrés de l’hospitalité, et suscitant à ses alliés des guerres implacables. La plus haute magistrature dans la république romaine, c’est le consulat. Son histoire commence comme celle de la royauté. Brutus fait égorger ses fils pour mettre sa dignité consulaire sous la protection du meurtre. Ce n’est donc pas le respect pour les choses de la religion, pour les auspices et les augures qui a fait la fortune de Rome. Les empires obéissent à une destinée qui en détermine la durée selon le temps voulu par la Providence. Régulus respectait les augures ; il n’en tombe pas moins au pouvoir des ennemis. Mancinus fut fidèle à ses dieux, qui ne le préservèrent pas du joug. Les poulets consultés par Paul Émile étaient de bon appétit ; il n’en laissa pas moins sa vie à Cannes.[1] Les auspices et les augures s’opposaient à la traversée de César en Afrique en hiver, il s’en moqua et n’en vint que plus facilement à bout du voyage et de la conquête. Le secret de toutes les fausses religions et de l’ascendant

  1. Cicéron : Flaminius non paruit auspiciis, itaque periit cum exercitu. At anno post, Paulus paruit : num minus cecidit in Cannensi pugna cum exercitu ? (De Divin., lib. ii.)