Page:Œuvres complètes de Saint Cyprien, évêque de Carthage, volume 1, 1837.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

force à un prêtre ce mystère de la naissance des dieux.[1]On savait les noms des rois qui en avaient été les ancêtres, et parce que la mémoire s’en était perpétuée, de là l’usage de les honorer et de célébrer des sacrifices en leur honneur. S’il a pu naître des dieux quelque part, pourquoi n’en verrions-nous pas naître encore aujourd’hui ? à moins que peut-être il n’en faille accuser la vieillesse impuissante de Jupiter, ou que Junon ne soit devenue incapable d’être mère.[2] À quel titre croyez-vous ces dieux en état de servir les Romains, quand ils n’ont pu défendre contre la puissance romaine les peuples qui les adoraient ? Ces Romains eux-mêmes avaient leurs dieux indigènes ; nous les connaissons. Qu’était-ce que ce Romulus, devenu dieu, grâce au mensonge attesté par le serment de Proculus ? Qu’étaient-ce que Picus, Tiberinus, Pilumnus, Consus, celui-là dont Romulus, après son perfide enlèvement des Sabines, fit un dieu sous le nom de dieu des conseils ou de l’artifice ? Tatius trouve une idole dans un cloaque il en fait une déesse qu’il appelle Cloacina [3] Hostilius érige en divinités la crainte et la pâleur. Après lui, la fièvre et deux prostituées, Acca

  1. Tertullien : Quod Ægyptii narrant, et Alexander digerit, et mater legit. Athénagore et saint Augustin affirment l’anecdote. Y avait-il moyen d’en douter, après le récit qu’en fait Plutarque dans sa Vie d’Alexandre ?
  2. Tout ce qu’il y avait de Romains lettrés avait lu dans Pline le naturaliste : Matrimonia quidem inter deos credi, tantoque aevo ex his neminem nasci, et alios esse grandoevos, semperque canos, alios juvenes atque pueros, atricotores, aligeros, claudos, ovo editos, et alternis diebus viventes, morientesque, puerilium prope deliramentorum est. (Hist. Nat., lib. ii, c. 7.)
  3. Cloacinae simulaerum in cloaca maxima repertum Tatius consecravit, et quia cujus esset effigies ignorabat, ex loco illi nomen imposuit. (Arnob., lib. i.)