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se fait brûler sur le mont Œta pour mériter son apothéose.[1] Apollon fut un simple berger à qui Admète avait donné le soin de ses troupeaux. Neptune, employé par Laomédon pour lui construire une muraille, fut assez mal récompensé de son travail. On fait voir en Crête la caverne qui servit de retraite à Jupiter, et l’on y montre encore son tombeau. Saturne, chassé par son fils, aborde dans l’Italie et donne à la contrée où il s’était tenu caché le nom de Latium. Il y avait porté la connaissance de l’écriture, de la monnaie, de l’agriculture, qui lui doivent leur origine dans ce pays ; d’où vient que l’on nous parle de l’épargne ou trésor de Saturne, qu’on lui met une faux dans la main, peut-être aussi pour désigner son antiquité. Il était venu se réfugier chez Janus ; les mots de Janicule, et de janvier donné à l’un des mois de l’année attestent l’hospitalité donnée par lui au roi fugitif. On le représente à deux visages, parce que ce mois tient le milieu entre l’année qui finit et l’année qui commence. Il est notoire que les peuples de la Mauritanie mettent leurs rois au nombre des dieux, et qu’ils ne se mettent pas même en peine de justifier cette qualification. De là la multiplicité des religions. Le culte des dieux se diversifie chez les différents peuples, et subit tous les changements qu’il plaît à chacun de lui imposer parce que l’unité de Dieu n’est pas reconnue par tous, mais que chacun d’eux s’attache au culte qui lui vient de ses ancêtres. Alexandre le Grand, dans un écrit remarquable adressé à sa mère, lui mandait qu’il avait fait découvrir par

  1. Cicéron s’en moquait : Non video quo pacto ille cui in monte Œtheo illatae lampades fuerunt, ut ait Accius, in domum oeternam patris ex illo ardore pervenerit. (Lib. ii, de Nat. Deor.)