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tion : et quoiqu’il se soit passé un temps considérable avant que l’homme ait su analyser ainsi le côté matériel de la parole, il n’en est pas moins vrai que ce mécanisme est forcé.

La question n’est donc pas, si l’homme a pu trouver la variété des voyelles et des consonnes ; il l’a pu, puisqu’il l’a fait. Le miracle s’opère tous les jours ; car le genre humain recommence à chaque instant ; et les enfants crient et articulent sans analyser l’articulation, par la raison que les oiseaux volent, et que les poissons nagent, sans connaître le mécanisme des nageoires et des ailes.

Le véritable problème est donc de savoir comment l’homme a dû et pu associer ses sensations à des signes quelconques, et préférer enfin les articulations aux signes de toute espèce.

Nous reviendrons au côté matériel de la parole, en traitant de l’écriture, puisqu’il est démontré que si l’homme n’avait jamais écrit, il n’eût jamais disséqué la parole.