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d’âge d’or, et le berceau du genre humain n’a point eu de privilège.

Ceci s’applique au langage, cet ingénieux et fidèle contemporain de la pensée. On demande toujours comment l’homme a pu créer une langue, et on fait cette question au sein de vingt peuples civilisés, qui pensent, qui s’expriment, qui écrivent et se communiquent leurs idées : on abuse de l’état de facilité où nous sommes parvenus, pour nous mieux embarrasser ; et de la perfection du langage, pour en fortifier le problème.


§ I.

État de la question.


Afin de s’entendre, il faut considérer deux choses dans la parole ; un côté matériel qui est la voix articulée, ou coupée à différents intervalles ; et un côté intellectuel, qui est l’association de la voix à la pensée.

Quand l’homme pousse sa voix, il produit forcément des voyelles ; et quand il coupe sa voix avec la langue, aidée des dents, des lèvres et du palais, il produit forcément des consonnes. Leur mélange s’appelle articula-