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DE L’ENVIE ET DE LA HAINE.


1. Il semble d’abord que la haine et l’envie soient un même sentiment.

2. Première différence dans leurs principes.

3. Les bêtes sont susceptibles de haine.

4. Non pas d’envie.

5. La haine peut être juste, mais non pas l’envie. — L’envie est la seule passion qu’on n’avoue point.

6. Ressemblance et différence de ces deux affections eu égard à leur objet. Haine des Athéniens contre les auteurs de la mort de Socrate. L’extrême supériorité étouffe quelquefois l’envie, mais non pas la haine. — Il en est de même du malheur.

7. Trois causes font cesser la haine ; mais elles n’apaisent point l’envie, et même elles l’aigrissent.

8. Différence de ces deux passions dans le but qu’elles se proposent.

1. …Ainsi[1], encore, il semble que l’envie et la haine ne diffèrent point entre elles, et que ce soit une même passion. En général, du reste, la méchanceté est comme hérissée de mille crochets auxquels se rattachent les passions qui la meuvent en tous sens. Il en résulte que souvent ces passions se rapprochent jusqu’à se confondre les unes dans les autres. Ce sont comme autant de maladies, qui se communiquent mutuellement leur inflammation. Le bonheur des autres afflige également la haine et l’envie ; et par suite nous regardons comme étant opposée à toutes deux la bienveillance, ce sentiment qui nous porte à désirer du bonheur à notre voisin. Nous ne voyons dans l’une et dans l’autre qu’une même passion, parce que l’une et l’autre éprouvent une disposition contraire à celle qui porte

  1. On voit, par la forme de cette phrase dans le grec, qu’il manque quelque chose au commencement de ce traité.