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SUR LE ΕΙ DU TEMPLE DE DELPHES.

« En effet, ce n’est que fort tard, et tout récemment, que la flûte a osé se faire entendre dans les cérémonies joyeuses. Primitivement, elle conviait au deuil ; c’était à la tristesse seulement qu’elle prêtait son ministère, aussi peu joyeux que peu honoré. Dans la suite, tout a été confondu. Du reste, c’est principalement parce qu’on a mêlé le culte des Dieux et celui des Génies que les hommes ont vu éclater des désordres parmi eux. Mais l’inscription ΕΙ, et l’inscription « Connais-toi toi-même », qui paraissent se contredire jusqu’à un certain point, s’accordent parfaitement sous un autre rapport. ΕΙ se prononce avec un saisissement religieux et un sentiment de vénération pour le Dieu dont cette syllabe nous rappelle l’éternité ; l’inscription « Connais-toi toi-même » est pour tous les humains un avertissement de leur nature et de leur impuissance. »