Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée

HIPPIAS

J’en suis persuadé.

SOCRATE

Et les mensonges sur les mêmes sujets ? Et réponds-moi comme avant, bravement et généreusement, Hippias. Si l’on te demandait combien font trois fois sept cents, est-ce toi qui mentirais le mieux et qui soutiendrais uniformément tes mensonges à ce sujet, si tu voulais mentir et ne jamais donner une réponse vraie, ou est-ce l’ignorant en calcul qui pourrait mentir mieux que toi, au cas où tu le voudrais ? N’est-il pas vrai que l’ignorant, tout en voulant mentir, dirait parfois la vérité sans le vouloir et par hasard, faute de savoir, tandis que toi, le savant, si tu voulais mentir, tu mentirais toujours également bien ?

HIPPIAS

Oui, c’est vrai ; tu as raison.

SOCRATE

Maintenant, le menteur est-il menteur en tout le reste, sans l’être pourtant en calcul, et ne saurait-il mentir en comptant ?

HIPPIAS

Il est, par Zeus, menteur en calcul aussi.

SOCRATE

VIII. — Admettons donc aussi, Hippias, qu’en calcul et en arithmétique il y a des menteurs.

HIPPIAS

Oui.

SOCRATE

Maintenant quelle sorte d’hommes peuvent être ces trompeurs ? Ne faut-il pas qu’ils aient, s’ils doivent être menteurs, ce dont tu convenais tout à l’heure, la capacité de mentir ? car celui qui est incapable de mentir, tu as déclaré, si tu t’en souviens, qu’il ne saurait jamais être menteur.

HIPPIAS

Oui, je m’en souviens, je l’ai bien déclaré.