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NOTICE SUR L’HIPPIAS MINEUR Hippias vient de faire une conférence où il a parlé des poètes et en particulier d’Homère. La séance f‍inie, Socrate lui demande quelle distinction il fait entre les deux héros des deux poèmes d’Homère, Achille et Ulysse. Achille, dit Hippias, est le meilleur : il est véridique et sans détour, Ulysse le moins bon : il est rusé et menteur. Tu juges donc, lui demande Socrate, que l’homme véri— dique et le menteur sont deux hommes différents ? — Oui. — Eh bien, dis-moi : les menteurs sont-ils men— teurs par défaut d’esprit ? — Non, dit Hippias, ils le sont par malice et par intelligence. — Ils sont donc des gens habiles ? — Certainement. — Là-dessus, Socrate lui démontre, en prenant pour exemple les sciences où Hippias excelle, l’arithmétique, la géométrie, l’astrono— mie, et en général toutes les sciences et tous les arts, que le savant est celui qui peut le mieux mentir, tandis que l’ignorant peut se couper dans ses mensonges et dire la vérité sans y penser. Après un éloge des talents universels d’Hippias, la discussion reprend et se poursuit. Il résulte de ce qui pré— cède que le même homme est trompeur et—véridique, de sorte que, si Ulysse était trompeur, il devient en même temps véridique et que, si Achille était véridique, il est trompeur. Et la preuve qu’Achille est menteur, qu’il l’est même plus qu’Ulysse, c’est qu’il se joue de lui et qu’après avoir aff‍irmé qu’il va partir pour Phtia, il ne part pas et qu’il dit ensuite à Ajax le contraire de ce qu’il a dit à Ulysse. — Oui, dit Hippias ; mais il ne ment pas de pro- pos délibéré, comme Ulysse. — C’est justement en cela, réplique Socrate, qu’Ulysse est meilleur qu’Achille. —- Alors, objecte Hippias, ceux qui sont injustes de propos