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ignorât qu’il n’est pas possible de savoir mal ; car c’est lui qui dit de Margitès qu’il connaissait beaucoup de métiers, mais qu’il les connaissait tous mal. Mais il parle par énigmes, je pense, et il a mis « mal » pour « mauvais » et il « savait » pour « savoir ». Cet arrangement sort de la mesure, mais c’est ce qu’il veut dire, à savoir qu’il connaissait beaucoup de métiers, mais qu’il était mauvais pour lui de les connaître tous. Il est donc clair que, s’il était mauvais pour lui de connaître beaucoup de choses, c’est qu’il était un piètre individu, si du moins il faut croire à nos raisonnements précédents.

ALCIBIADE

Il me semble à moi, Socrate, qu’il le faut. Autrement, j’aurais peine à croire à d’autres raisonnements, si je ne croyais pas même à ceux-là.

SOCRATE

Et tu as raison de penser ainsi.

ALCIBIADE

Je te répète que je le pense.

SOCRATE

XI. — Mais poursuivons, au nom de Zeus. Tu vois, je suppose, la grandeur et la nature de l’embarras où nous sommes et il me semble que tu le partages, car tu passes sans relâche d’un côté à l’autre ; ce que tu approuvais le plus, tu le condamnes, et tu ne peux rester dans le même sentiment. Si donc le dieu que tu vas prier se montrait encore à toi en ce moment et te demandait, avant que tu aies formulé aucune prière, si tu te contenterais de quelqu’une des choses dont nous avons parlé au commencement, ou s’il te permettait de demander ce que tu voudrais, qu’est-ce qui te paraîtrait le plus avantageux, de recevoir de lui ce qu’il te donnerait, ou de demander toi-même quelque chose ?

ALCIBIADE

Ah ! par les dieux, Socrate, je suis incapable de te répondre ainsi au pied levé. Il me semble que ce serait sot de demander quelque chose et qu’il faut vraiment